jeudi 18 novembre 2010

Mutapha Ben Jaafar où l’art de travestir les faits

Dans Mouatinoun organe du FDTL n° 137 du 7 octobre 2010, Mustapha Ben Jaafar a reconnu la crise structurelle de l’opposition et les querelles de chapelle qui la déchirent. Dans ce sens, il a lancé un appel aux «partenaires de l’Alliance pour la citoyenneté et l’égalité» pour qu’ils s’engagent à « respecter l’éthique du combat collectif et lui accordent la priorité par rapport à l’intérêt partisan ou personnel» et à se placer au «plus prés des préoccupations des citoyens pour remobiliser les forces sociales détournées, aujourd’hui, du champ politique».

Dans Mouatinounn° 138 du 12 novembre 2010, le même Mustapha Ben Jaafar considère que le dialogue tel qu’il est conçu et pratiqué aujourd’hui en Tunisie, «s’apparente plus au monologue qui réunit dans des consultations coûteuses et orchestrées ceux qui ont déjà tout décidé, et ceux qui sont sélectivement invités pour acquiescer». Une démarche coutumière pour un chef de parti qui se décrédibilise davantage et qui perd le sens des réalités. Au lieu de positiver les acquis de la démocratie dialogique, Mustapha Ben Jaafar se cantonne dans une position plus que nihiliste parce qu’il n’a pas les moyens politiques de s’engager dans le véritable partenariat politique qui œuvre pour la consolidation du processus démocratique et avance dans ce sens des propositions concrètes des réformes à entreprendre.

Mustapha Ben Jaafar omet volontairement de dire que la démocratie participative est une donnée qui caractérise objectivement la vie politique tunisienne ces dernières années et qu’elle permet à tous les citoyens, les organisations socioprofessionnelles, les acteurs de la société civile et les partis politiques de participer plus directement aux décisions qui concernent l’avenir du pays. De nombreuses consultations nationales ont été organisées et elles entrent dans le cadre de l’enrichissement du paysage politique par le dialogue fructueux sur les questions fondamentales qui intéressent l’avenir du pays et ne cadrent pas avec des alliances contre-nature ou des alliances préélectorales. Toutes ces consultations constituent plutôt un espace de dialogue notamment sur les réformes à entreprendre dans le domaine politique. L’objectif est la consolidation du rôle de l’opposition sur les plans intérieur et extérieur qui œuvre pour la protection des acquis et la continuité des réformes politiques.
Mais dogmatique comme il est, Mustapha Ben Jaafar ne peut pas - formatage gauchiste oblige- reconnaître cette réalité objective pour verser dans un discours riche en slogans qui rappellent les meetings étudiants des années 1970. Dommage pour le FDTL. Dommage pour l’opposition démocratique.