Le doyen des journalistes tunisiens, Béchir Ben Yahmed, fondateur et patron du groupe «Jeune Afrique», vient de faire une mea culpa à propos des islamistes dans le grand entretien de treize pages qu’il a accordé à son propre magazine à l’occasion de son 50ème anniversaire (Jeune Afrique du 24 octobre au 6 novembre 2010).
M. Ben Yahmed avoue s’être trompé au sujet des islamistes qu’il avait pris, un moment, pour des gens, «intègres» et «détachés de l’argent». M. Ben Yahmed a donc estimé que les islamistes étaient des gens fréquentables et qu’on pourrait éventuellement dialoguer avec eux. «Au début j’ai été sensible à leur combat», souligne-t-il. Ce qui, et il l’admet aujourd’hui, fut une grande erreur.
L’«intégrité» et le «détachement de l’argent» sont loin d’être des arguments solides pour justifier une telle erreur d’appréciation: les motivations des dogmatiques et des islamistes sont plus idéologiques que matérielles, ce qui les rend d’autant plus dangereux.
Cette erreur d’appréciation de M. Ben Yahmed semble s’expliquer par la posture d’occidentalo-centrisme dans laquelle il s’est engouffré pendant des années et qui l’a coupé des réalités du monde arabo-islamique.
Mieux vaut tard que jamais. L’essentiel, c’est que M. Béchir Ben Yahmed a fait son autocritique au sujet des islamistes, de leur duplicité dangereuse et du danger qu’ils représentent pour la modernité dans un pays comme la Tunisie.