mardi 10 août 2010

Le sens et la portée de l’appel des 65


Plus de soixante personnalités tunisiennes de divers bords idéologiques et politiques ont lancé un appel au président Zine El Abidine Ben Ali à se représenter aux élections de 2014. De nombreuses franges de la société politique et civile et du monde de la culture ont exprimé leur adhésion à cet appel. Alors, qu’est-ce qui donne à cet appel toute sa signification politique et toute sa légitimité historique ? Cet appel montre encore que le Changement initié le 7 novembre 1987 requiert et rend possible tout à la fois une perspective transformatrice de réformes audacieuses qui touchent tous les aspects du réel politique, social, culturel et économique des Tunisiens.

Dans l’appel publié dimanche par le quotidien indépendant Ech-Chourouk du 8 août 2010, on lit : «Nous nous permettons en tant que patriotes, au-delà des classifications politiques et idéologiques, d’appeler le dépositaire de la confiance en toute sincérité, à parachever ce qu’il a accompli, la marche, en dépit de l’immensité de ses acquis, demande encore la vision et le leadership de celui qui a fait montre de ses compétences à réaliser et changer».

En effet, le Président Zine El Abidine Ben Ali a courageusement engagé dès l’aube du 7 novembre 1987, sans avoir attendu un discours devenu ces dernières années dominant sur les réformes à mener dans le monde arabe, un processus de réformes structurelles qui engagent le devenir national de tous les Tunisiens. Dans ce sens, la construction de la modernité par le Président Zine El Abidine Ben Ali est objectivement liée en Tunisie à l’exigence d’une attention renouvelée à tout ce qui bouge dans la société et le monde contemporain pour déceler les tendances qui y sont à l’œuvre, les bifurcations possibles, les dangers et les aspirations naissantes.

«La Tunisie, poursuivent les signataires de l’Appel des 65, a encore besoin de vous, de vos visions perspicaces pour la gestion de ses affaires et la conduite de son avenir. C’est pourquoi, nous vous adjurons de vous porter candidat à un nouveau mandat présidentiel à l’horizon 2014. Par cet appel, nous disons oui à la stabilité et à la continuité qui sont à la base de toute action politique réussie. Nous disons oui aussi à davantage de développement, oui à la paix sociale, à l’équilibre de la société, oui à la dignité et à la souveraineté nationale».

La modernité signifie d’abord le refus de tout projet doctrinaire qui prétendrait s’imposer de l’extérieur au mouvement historique réel et national. Elle prévient le retour de toute modernisation impulsée de l’extérieur. Dans ce sens, la problématique de la production de la modernité réelle ne peut en aucun se réduire à la charpente dénudée des organigrammes institutionnels, des définitions abstraites et de l’idéologie des droits de l’homme. Elle intègre les dimensions politiques et culturelles des rapports à l’Etat, de la mémoire collective, de l’expérience des luttes et de l’avenir projeté. Dans l’écheveau de contradictions multiples qui travaillent le corps social, à rebours des esprits de clocher et de chapelle, la production de la modernité n’implique pas un modèle clefs en main de société parfaite. Elle ne propose pas de substituer à l’activité sociale l’ingéniosité des faiseurs de systèmes, aux conditions historiques de l’émancipation, des conditions fantaisistes. Elle cherche à expliciter le mouvement réel d’abolition de l’ordre existant pour attaquer la société existante dans ses bases : point de cité idéale, point de meilleur des mondes, donc, mais une logique de l’émancipation et du possible, enracinée dans la réalité du conflit.

Un nouveau mandat présidentiel à l’horizon 2014 constituera certainement une garantie sûre en matière de mise en mouvement de la modernité entendue comme un processus national selon des critères conformes aux besoins des Tunisiens et respectueux de leur appartenance à une histoire nationale : celui de la libération de leur potentiel d’imagination et de création qui permettrait d’agir sur le sens de l’Histoire nationale ; celui d’une pensée réformiste qui conduirait à se libérer des archaïsmes et des dogmatismes ; celui enfin d’une construction sociale effective et solidaire, que consolide davantage la démocratie sociale. En d’autres termes, la construction de la modernité ne peut se penser que comme une construction continue, où se nouent, dans les difficultés du présent, l’acte de l’affrontement politique et le processus durable des changements éducatifs, institutionnels et culturels.

C’est de cette façon que le processus de réforme politique constant et continu permettra, tout en refusant les modèles préétablis en matière politique, aux Tunisiens de consolider les fondements d’une vie politique évoluée qui reconnaît à la diversité idéologique et politique le droit à l’expression et à l’épanouissement dans le cadre de l’Etat de droit et d’une société libre, prospère, solidaire, ouverte et tolérante. Ce sont là des choix que le Président Ben Ali s’est employé à consacrer, au cours des deux dernières décennies, dans la Constitution et dans les lois garantissant l’intégrité de l’individu, sa liberté et sa dignité ; et à enraciner dans les institutions et les comportements. Soyons, donc, nombreux pour relever tous ces défis avec le Président Ben Ali dans la perspective des échéances politiques de 2014.