Toute réflexion sur le rôle des intellectuels se veut particulièrement attentive aux conditions d'émergence et d'épanouissement du neuf dans la société. Avoir le courage de la création artistique, soutenir la recherche scientifique, l'avancée technologique, l'innovation sociale ou politique procède de la même démarche progressiste et libératrice. La promotion du livre et de la lecture mérite un effort conséquent dans une période où des difficultés de lecture et d'écriture handicapent de nombreux hommes et femmes. Créer, produire, diffuser, coopérer sont aujourd'hui des objectifs essentiels. Il faut contrecarrer la logique mercantile qui tend à dominer l'édition, le cinéma, l'audiovisuel, la chanson, le marché de la peinture. Au contraire d'une uniformisation croissante des cultures et des modes de vie sur un modèle unique, une créativité audacieuse peut permettre une confrontation salutaire, une diversité foisonnante. C'est du pluralisme de ces apports que la culture nationale n'a cessé et ne cessera de s'enrichir. C'est à la faveur de cet enrichissement et de cette créativité que les intellectuels peuvent façonner de nouveau un « grand récit » émancipateur qui donne le sentiment d'exister autant par la joie que par la tristesse, autant par l'action que le désœuvrement, autant par l'intransigeance que par la prudence, autant par la recherche la plus autonome que par l'action politique.
Voilà des questions qui méritent d’être discutées dans notre pays.